En juillet 1920, le deuxième
congrès de l'Internationale Communiste (IC) a défini les 21 conditions
d'admission suivantes :
1. La propagande et
l'agitation quotidiennes doivent avoir un caractère effectivement
communiste et se conformer au programme et aux décisions de la IIIe
Internationale. Tous les organes de la presse du Parti doivent être
rédigés par des communistes sûrs, ayant prouvé leur dévouement à la cause
du prolétariat. Il ne convient pas de parler de dictature prolétarienne
comme d'une formule apprise et courante ; la propagande doit être faite de
manière à ce que la nécessité en ressorte pour tout travailleur, pour
toute ouvrière, pour tout soldat, pour tout paysan, des faits mêmes de la
vie quotidienne, systématiquement notés par notre presse. La presse
périodique ou autre et tous les services d'éditions doivent être
entièrement soumis au Comité Central du Parti, que ce dernier soit légal
ou illégal. Il est inadmissible que les organes de publicité mésusent de
l'autonomie pour mener une politique non conforme à celle du Parti. Dans
les colonnes de la presse, dans les réunions publiques, dans les
syndicats, dans les coopératives, partout où les partisans de la IIIe
Internationale auront accès, ils auront à flétrir systématiquement et
impitoyablement non seulement la bourgeoisie, mais aussi ses complices,
réformistes de toutes nuances.
2. Toute organisation
désireuse d'adhérer à l'Internationale Communiste doit régulièrement et
systématiquement écarter des postes impliquant tant soit peu de
responsabilité dans le mouvement ouvrier (organisations de Parti,
rédactions, syndicats, fractions parlementaires, coopératives,
municipalités) les réformistes et les « centristes » et les remplacer par
des communistes éprouvés, - sans craindre d'avoir à remplacer, surtout au
début, des militants expérimentés, par des travailleurs sortis du rang.
3. Dans presque tous les
pays de l'Europe et de l'Amérique la lutte de classes entre dans la
période de guerre civile. Les communistes ne peuvent, dans ces conditions,
se fier à la légalité bourgeoise. Il est de leur devoir de créer partout,
parallèlement à l'organisation légale, un organisme clandestin, capable de
remplir au moment décisif, son devoir envers la révolution. Dans tous les
pays où, par suite de l'état de siège ou de lois d'exception, les
communistes n'ont pas la possibilité de développer légalement toute leur
action, la concomitance de l'action légale et de l'action illégale est
indubitablement nécessaire.
4. Le devoir de propager
les idées communistes implique la nécessité absolue de mener une
propagande et une agitation systématique et persévérante parmi les
troupes. Là, où la propagande ouverte est difficile par suite de lois
d'exception, elle doit être menée illégalement ; s'y refuser serait une
trahison à l'égard du devoir révolutionnaire et par conséquent
incompatible avec l'affiliation à la IIIe Internationale.
5. Une agitation
rationnelle et systématique dans les campagnes est nécessaire. La classe
ouvrière ne peut vaincre si elle n'est pas soutenue tout au moins par une
partie des travailleurs des campagnes (journaliers agricoles et paysans
les plus pauvres) et si elle n'a pas neutralisé par sa politique tout au
moins une partie de la campagne arriérée. L'action communiste dans les
campagnes acquiert en ce moment une importance capitale. Elle doit être
principalement le fait des ouvriers communistes en contact avec la
campagne. Se refuser à l'accomplir ou la confier à des demi-réformistes
douteux c'est renoncer à la révolution prolétarienne.
6. Tout Parti désireux
d'appartenir à la IIIe Internationale, a pour devoir de dénoncer autant
que le social-patriotisme avoué le social-pacifisme hypocrite et faux ; il
s'agit de démontrer systématiquement aux travailleurs que, sans le
renversement révolutionnaire du capitalisme, nul tribunal arbitral
international, nul débat sur la réduction des armements, nulle
réorganisation « démocratique » de la Ligue des Nations ne peuvent
préserver l'humanité des guerres impérialistes.
7. Les Partis désireux
d'appartenir à l'Internationale Communiste ont pour devoir de reconnaître
la nécessité d'une rupture complète et définitive avec le réformisme et la
politique du centre et de préconiser cette rupture parmi les membres des
organisations. L'action communiste conséquente n'est possible qu'à ce
prix.
L'Internationale Communiste exige impérativement et sans discussion cette
rupture qui doit être consommée dans le plus bref délai. L'Internationale
Communiste ne peut admettre que des réformistes avérés, tels que Turati,
Kautsky, Hilferding, Longuet, Mac Donald, Modigliani et autres, aient le
droit de se considérer comme des membres de la IIIe Internationale, et
qu'ils y soient représentés. Un pareil état de choses ferait ressembler
par trop la IIIe Internationale à la IIème.
8. Dans la question des
colonies et des nationalités opprimées, les Partis des pays dont la
bourgeoisie possède des colonies ou opprime des nations, doivent avoir une
ligne de conduite particulièrement claire et nette. Tout Parti appartenant
à la IIIe Internationale a pour devoir de dévoiler impitoyablement les
prouesses de « ses » impérialistes aux colonies, de soutenir, non en
paroles mais en fait, tout mouvement d'émancipation dans les colonies,
d'exiger l'expulsion des colonies des impérialistes de la métropole, de
nourrir au cœur des travailleurs du pays des sentiments véritablement
fraternels vis-à-vis de la population laborieuse des colonies et des
nationalités opprimés et d'entretenir parmi les troupes de la métropole
une agitation continue contre toute oppression des peuples coloniaux.
9. Tout Parti désireux
d'appartenir à l'Internationale Communiste doit poursuivre une propagande
persévérante et systématique au sein des syndicats, coopératives et autres
organisations des masses ouvrières. Des noyaux communistes doivent être
formés, dont le travail opiniâtre et constant conquerra les syndicats au
communisme. Leur devoir sera de révéler à tout instant la trahison des
social-patriotes et les hésitations du « centre ». Ces noyaux communistes
doivent être complètement subordonnés à l'ensemble du Parti.
10. Tout Parti
appartenant à l'Internationale Communiste a pour devoir de combattre avec
énergie et ténacité l'« Internationale » des syndicats jaunes fondée à
Amsterdam. Il doit répandre avec ténacité au sein des syndicats ouvriers
l'idée de la nécessité de la rupture avec l'Internationale Jaune
d'Amsterdam. Il doit par contre concourir de tout son pouvoir à l'union
internationale des syndicats rouges adhérant à l'Internationale
Communiste.
11. Les Partis désireux
d'appartenir à l'Internationale Communiste ont pour devoir de réviser la
composition de leurs fractions parlementaires, d'en écarter les éléments
douteux, de les soumettre, non en paroles mais en fait, au Comité Central
du Parti, d'exiger de tout député communiste la subordination de toute son
activité aux intérêts véritables de la propagande révolutionnaire et de
l'agitation.
12. Les Partis
appartenant à l'Internationale Communiste doivent être édifiés sur le
principe de la centralisation démocratique. A l'époque actuelle de guerre
civile acharnée, le Parti Communiste ne pourra remplir son rôle que s'il
est organisé de la façon la plus centralisée, si une discipline de fer
confinant à la discipline militaire y est admise et si son organisme
central est muni de larges pouvoirs, exerce une autorité incontestée,
bénéficie de la confiance unanime des militants.
13. Les Partis
Communistes des pays où les communistes militent légalement doivent
procéder à des épurations périodiques de leurs organisations, afin d'en
écarter les éléments intéressés et petit-bourgeois.
14. Les Partis désireux
d'appartenir à l'Internationale Communiste doivent soutenir sans réserves
toutes les républiques soviétiques dans leurs luttes avec la
contre-révolution. Ils doivent préconiser inlassablement le refus des
travailleurs de transporter les munitions et les équipements destinés aux
ennemis des républiques soviétiques, et poursuivre, soit légalement soit
illégalement, la propagande parmi les troupes envoyées contre les
républiques soviétiques.
15. Les Partis qui
conservent jusqu'à ce jour les anciens programmes social-démocrates ont
pour devoir de les réviser sans retard et d'élaborer un nouveau programme
communiste adapté aux conditions spéciales de leur pays et conçu dans
l'esprit de l'Internationale Communiste. Il est de règle que les
programmes des Partis affiliés à l'Internationale Communiste soient
confirmés par le Congrès International ou par le Comité Exécutif. Au cas
où ce dernier refuserait sa sanction à un Parti, celui-ci aurait le droit
d'en appeler au Congrès de l'Internationale Communiste.
16. Toute les décisions
des Congrès de l'Internationale Communiste, de même que celles du Comité
Exécutif, sont obligatoires pour tous les Partis affiliés à
l'Internationale Communiste. Agissant en période de guerre civile
acharnée, l'Internationale Communiste et son Comité Exécutif doivent tenir
compte des conditions de lutte si variées dans les différents pays et
n'adopter de résolutions générales et obligatoires que dans les questions
où elles sont possibles.
17. Conformément à tout
ce qui précède, tous les Partis adhérant à l'Internationale Communiste
doivent modifier leur appellation. Tout Parti désireux d'adhérer à
l'Internationale Communiste doit s'intituler Parti Communiste de...
(section de la IIIe Internationale Communiste). Cette question
d'appellation n'est pas une simple formalité ; elle a aussi une importance
politique considérable. L'Internationale Communiste a déclaré une guerre
sans merci au vieux monde bourgeois tout entier et à tous les vieux Partis
social-démocrates jaunes. Il importe que la différence entre les Partis
Communistes et les vieux Partis « social-démocrates » ou « socialistes »
officiels qui ont vendu le drapeau de la classe ouvrière soit plus nette
aux yeux de tout travailleur.
18. Tous les organes
dirigeants de la presse des Partis de tous les pays sont obligés
d'imprimer tous les documents officiels importants du Comité Exécutif de
l'Internationale Communiste.
19. Tous les Partis
appartenant à l'Internationale Communiste ou sollicitant leur adhésion
sont obligés de convoquer (aussi vite que possible), dans un délai de 4
mois après le 2ème Congrès de l'Internationale Communiste, au plus tard,
un Congrès extraordinaire afin de se prononcer sur ces conditions. Les
Comités Centraux doivent veiller à ce que les décisions du 2ème Congrès de
l'Internationale Communiste soient connues de toutes les organisations
locales.
20. Les Partis qui
voudraient maintenant adhérer à la IIIe Internationale, mais qui n'ont pas
encore modifié radicalement leur ancienne tactique, doivent préalablement
veiller à ce que les 2/3 des membres de leur Comité Central et des
Institutions centrales les plus importantes soient composés de camarades,
qui déjà avant le 2ème Congrès s'étaient ouvertement prononcés pour
l'adhésion du Parti à la IIIe Internationale. Des exceptions peuvent être
faites avec l'approbation du Comité Exécutif de l'Internationale
Communiste. Le Comité Exécutif se réserve le droit de faire des exceptions
pour les représentants de la tendance centriste mentionnés dans le
paragraphe 7.
21. Les adhérents au
Parti qui rejettent les conditions et les thèses établies par
l'Internationale Communiste doivent être exclus du Parti. Il en est de
même des délégués au Congrès extraordinaire.
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